Les rushes du tournage : les donner au client ou pas ?

Mon job, c’est de fournir un montage tout beau tout léché à mon client. Oui mais les rushs on en fait quoi alors ?

C’est quoi les rushes ?

Le rush, c’est la vidéo brute qui sort de la caméra. Cette vidéo doit être « découpée » pour en extraire le ou les passages intéressants. Aussi, les couleurs du rush sont les plus neutres possibles, afin d’en retoucher la colorimétrie avec liberté. Bref, c’est un gros caillou qui attend d’être sculpté avec amour.

Pour les particuliers

La plupart de mes clients particuliers sont des mariages. Dans ces cas là, chaque formule inclut un disque dur sur lequel figure les montages ainsi que les rushes. C’est une demande qui revient assez souvent pour que je l’inclue dans ma prestation par défaut.

Il fut un temps où je proposais aux mariés une solution artisanale : ils me donnaient un disque dur, je le remplissais avec les rushes, et je le leur rendais. Cela s’est avéré beaucoup trop chronophage, à cause de multiples imprévus : mariés qui oublient le disque le jour du mariage, disque formaté pour Mac alors que je suis sous Windows, client qui manque le rendez-vous pour rendre le disque… Maintenant, tout est inclus dans chaque formule, plus aucune prise de tête.

Pour les professionnels

Par rapport aux particuliers, c’est différent ! Dans la plupart des cas, je sais que les particuliers ne feront rien de spécial avec mes rushes. Par contre, un professionnel pourrait les utiliser ultérieurement afin de (faire) monter lui-même d’autres vidéos. C’est à ce moment qu’on négocie ! Les rushes, ça se facture en plus du montage livré. Le montant dépend de comment a été facturé le reste de la prestation et surtout de la valeur perçue des rushes pour le client. Bref, c’est au cas par cas.

De manière générale, je ne rechigne pas à proposer les rushes dans ma prestation, moyennant un supplément tarifaire. Mon positionnement, c’est de dire que mes montages sont d’assez bonne qualité pour que le client fasse à nouveau appel à moi par le suite, plutôt que de demander à son petit neveu qui a une version crackée d’Adobe Premiere de lui torcher un travail amateur. Les clients qui s’engagent dans ce genre de manœuvre ne sont généralement pas des clients intéressants à avoir financièrement parlant : on passe trop de temps à leur expliquer que leur approche donne de mauvais résultats.

Aussi, je ne me positionne pas qu’en simple prestataire vidéo/montage : j’apporte une vraie dimension de conseil à mes clients, pour les aider dans la mise en œuvre de leur stratégie.

Pour fixer le tarif des rushes, j’essaie avant tout d’estimer leur valeur marchande aux yeux du client.  Je suis enclin à céder les rushes pour un prix raisonnable à un petit commerce au budget très serré qui ne fait qu’une diffusion locale des images. Souvent, ils souhaitent obtenir les rushes simplement pour une histoire de souvenirs. Il ne faut pas négliger la dimension affective dans les petites entreprises. Par contre, si on parle d’une chaine TV, on n’est plus dans le même ordre de grandeur, et une tarification stricte à la minute ou à la seconde utilisée est à réaliser.

Chez les photographes

Il y a un peu le même genre de problématique chez les photographes avec les fichiers RAW : les photos brutes avant retouche colorimétrique et éventuel recadrage. Doivent-ils les proposer à leurs clients ? Au final c’est une question assez différente des rushes d’un vidéaste. Chacun se fera une opinion dessus. En ce qui concerne les particuliers, mon avis et le suivant : si vous souhaitez obtenir les RAW auprès du photographe de votre mariage car vous souhaitez vous même rendre une herbe bien fluo ou un ciel bien bleu piscine, ça veut dire que ce que fait votre photographe ne vous plait pas ou que vous n’avez pas confiance. Il faut alors changer de photographe.

Personnellement je n’ai pas en vidéo le même complexe que les photographes qui consisterait à dire « mes rushes c’est du travail pas fini, je peux pas vous donner ça ». Ce ne sont pas les mêmes choses, pas les mêmes supports, pas les mêmes façons de travailler. Il m’arrive de n’assurer que la prise de vue sur certaines prestations et de laisser le montage à d’autres. A partir de là, il faut accepter de laisser voir ses rushes par n’importe qui, même si on se sent un peu à poil : les rushes, c’est pas beau ! Ça met toujours mal à l’aise de se dire que quelqu’un voit ces trucs moches.

Entrepreneuriat

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