Lettre d’amour à Element3D

Un outil qui permet de travailler vite et bien en 3D.

Avant de parler de l’outil, voilà ce qu’il permet de faire :

Ce qui nous intéresse, c’est les incrustations et animations d’éléments en 3D :

Tout ceci a été réalisé en grande partie dans le plugin Element 3D pour After Effects, créé par VideoCopilot.

Principe général

After Effects est un outil de compositing et d’effets visuels puissant, qui fait beaucoup de choses, mais qui ne fait pas de « vraie » 3D. Impossible d’ajouter des hélicoptères et des dragons en 3D (tout ingrédient d’un bon film) dans votre scène. Le plugin Element 3D rajoute cette possibilité, avec des partis pris très tranchés qui lui donnent à la fois une grande puissance et des limitations certaines.

Le but d’Element 3D, c’est de travailler ultra rapidement. Pour ce faire :

  • Le plugin utilise un moteur de rendu en temps réel (proche de ce qui est utilisé pour les jeux vidéos). Ainsi, on peut prévisualiser sa scène instantanément, au contraire d’un logiciel classique de 3D qui met beaucoup de temps à calculer la moindre image. Un plan complexe peut nécessiter des jours entiers de rendu sur des machines puissantes.
  • Il est directement intégré à After Effects, on n’a donc pas besoin de faire d’allers/retours avec le logiciel d’animation 3D.
  • Il propose des fonctionnalités et une architecture qui permettent de faire des choses rapidement en quelques clics.

La seule chose qui nécessite de passer par un logiciel de 3D indépendant, c’est la modélisation de vos éléments. Une fois qu’ils sont créés, tout se passe dans Element 3D. Sachant que dans certains cas, pour des besoins simples, Element 3D permet de modéliser des choses basiques. Par exemple, ce plan a été réalisé uniquement dans After Effects + Element 3D en quelques dizaines de minutes :

Je vais pas vous faire une description détaillée du plugin, l’éditeur le fait très bien lui-même en vidéo :

Choix d’interface drastiques

Premier parti pris un peu déroutant au début : chaque objet que vous créez est en fait un groupe d’objets, qui est lui même un système de particules. Sauf que des systèmes de particules, on en a rarement besoin. Ainsi, la majeure partie du temps, vous créez un système de particules à une seule particule. Ça a l’air stupide dit comme ça, et ça l’est probablement. Mais en vrai, ça rend l’outil plus simple au niveau de son organisation et par rapports aux contraintes d’interface imposées aux plugins after effects. S’il avait fallu pouvoir créer des objets qui ne sont pas des systèmes de particules, il aurait surement fallu faire un second plugin.

En parlant de particules, la nuée de langues dans cette publicité a été créée avec Element 3D (par Nicolas Plaire) :

Le making of :

Le second point bizarre, c’est qu’on ne peut créer que 5 groupes d’objets maximum. L’intérêt : là aussi cela rend l’interface plus simple à coder, à maintenir, et prendre en main. J’ai envie de dire que c’est une solution de gros flemmard. En tant qu’ancien développeur, je sais que proposer des tailles fixes et limitées permet d’énormément se simplifier la vie, notamment en termes de performances. Mais en pratique, dans le cas de ce plugin, ce n’est pas un problème :

  • On a très rarement besoin de plus de 5 groupes d’objets.
  • Si on a occasionnellement besoin de plus de 5 groupes, on peut empiler une seconde instance du plugin sur notre calque et gagner 5 groupes en plus.
  • Si on a besoin de plein de groupes, c’est que notre besoin est trop compliqué pour Element 3D, qui a vocation a faire des choses simples uniquement.

Enfin, dernière idée saugrenue des développeurs : les différents sous-objets au sein d’un modèle 3D sont identifiés par…. leur material (leur texture, pour faire simple). En théorie c’est totalement bête et hors sujet. En pratique, en vrai, il n’y a pas grand chose à dire, à part que ça marche. Il faut juste y penser lors de la modélisation de son objet : si l’on veut scinder notre objet en 2 pour animer/afficher les 2 parties indépendamment l’une de l’autre, on leur assigne des matériaux différents.

Les limitations

Element 3D permet de faire des vues « schématiques » comme sur la vidéo en haut de l’article. Sa qualité de rendu graphique ne lui permet pas d’aller beaucoup plus loin. Faire des effets spéciaux pour de la fiction me semble compliqué avec cet outil, même si il peut bien faire le job sur des besoins simples ou sur des petits projets indépendants comme ce court métrage très amateur que j’ai réalisé en 2013 (effets 3D surtout visibles dans la seconde partie, la poursuite en voiture) :

On peut voir sur le site de Videocopilot qu’ils s’amusent à faire des choses marrantes : des avions de chasse, des wagons de trains qui explosent… C’est mignon à voir, mais ça fait quand même très « faux ».

Le futur incertain du plugin

Le plugin n’est plus maintenu à jour depuis plusieurs mois et le site de VideoCopilot ne propose plus tellement de nouveaux contenus. Un nouveau plugin prometteur (Nebula 3D) a été annoncé il y a un an, mais plus aucune nouvelle depuis. Tout cela donne l’impression que les développeurs derrière ces outils ne sont plus très actifs. J’espère me tromper.

Sans mise à jour, le plugin va vite devenir obsolète : les nouvelles capacités des cartes graphiques permettent de belles choses comme le raytracing, ce que ne gère pas Element 3D. Du côté des logiciels dédiés à la 3D, on voit de plus en plus apparaitre des moteurs de rendu en temps réel, ce qui les fait revenir dans la course à la rapidité. Et surtout, si le plugin n’est plus supporté par son équipe, il risque de ne plus être compatible avec les prochaines versions d’After Effects.

En bref, ce fabuleux plugin me permet de proposer des sucreries en 3D à mes clients à un tarif très raisonnable (il y a moins de 2 jours de travail derrière les incrustations 3D de la vidéo en début d’article). Mais je crains de ne plus pouvoir l’utiliser dans les années à venir. Il ne reste plus qu’à croiser les doigts.

Montage

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